Ep 4: Taille des arbres et gestion du temps

Ce que la taille peut nous apprendre sur la gestion du temps

Pour écouter le podcast: c’est ici: https://youtu.be/8UH-R8MIgaI

En voici le script pour ceux qui préfèrent lire.

Aujourd’hui je vous propose d’étudier ce que la taille des arbres peut nous apprendre sur la gestion du temps et des priorités. Cette analogie est le fruit d’une rencontre passionnante avec André Gayraud, paysagiste et expert reconnu internationalement pour ses travaux sur les cornouillers. Il me faisait alors découvrir son propre jardin.

Imaginez un écrin de verdure perché au bord de la rivière d’Ain. Les formes, les couleurs, les sons, ce jardin génère un sentiment profond d’harmonie et de sérénité.  Les mots d’André Gayraud résonnent encore: 

« On ne raccourcit pas, on supprime! » « On ne raccourcit pas, on supprime! Je le répète parce que tant qu’on n’a pas compris ça, ça ne sert à rien de tailler » 

André Gayraud fait partie de ceux qui vous transmettent leur passion en quelques secondes, juste en étant à leur contact, avec son parler franc et ses anecdotes. Il tire ses connaissances de son observation du terrain et de ses expérimentations durant plus de 70 ans. Il a aussi appris auprès des plus grands maîtres internationaux de la taille, en voyageant aux quatre coins du monde, et notamment au Japon. 

Pour moi André Gayraud est un « paysagiste de l’esprit » car le rencontrer aura fait fleurir mes pensées, jusqu’à faire ce lien entre Taille des arbres et Gestion du temps et des priorités. 

« On ne raccourcit pas, on supprime ! » Des mots fermes et tranchés, répétés comme un slogan, comme un leitmotiv musical qui résonnent à présent dans ma tête et qui je l’espère feront aussi sens pour vous après l’écoute de ce podcast. 

Imaginez donc que cet arbre que vous vous apprêtez à tailler, représente votre quotidien, votre vie ou votre agenda. Les branches ce sont toutes les activités et engagements qui vous occupent. La sève, c’est votre énergie, celle que vous mettez dans ces différentes actions.

« On ne raccourcit pas on supprime ! » 

Pas d’hésitation, ni pinaillage, l’art de la taille, c’est avant tout l’art de choisir en conscience. Choisir en conscience quelles branches vous souhaitez conserver et par conséquent celles que vous décidez de supprimer. 

Mais attention: André Gayraud raconte:

« Interdiction d’empoigner directement le sécateur et de se jeter sur la première branche venue. D’abord, il faut prendre le temps d’observer l’arbre, prendre du recul, le voir dans son ensemble, dans son environnement. C’est une vraie tradition au Japon, c’est un grand maitre de la taille Bonzai qui me l’a enseigné lorsque j’étais jeune paysagiste.» 

Et vous, vous arrive t-il de prendre le temps du recul sur ce qui occupe concrètement vos journées ? 
Observer l’arbre et son contexte avant de tailler d’accord, qu’est ce qui fait alors que l’on décide de conserver telle ou telle branche? qu’est-ce qui guide ce choix? 

Pour le paysagiste ou jardinier en herbe, il peut y avoir différentes raisons:

  • un intérêt sensoriel pour les fleurs dont on pourra sentir le doux parfum au printemps 
  • Ce peut-être un intérêt pratique: faire de l’ombre en été, se protéger des regards indiscrets. 
  • une raison esthétique: trouver une forme harmonieuse et jouer avec les couleurs pour que l’arbre prenne toute sa place dans le paysage global.
Et pour vous , sur quoi vous basez-vous pour décider des activités que vous allez conserver ? 

Pour vous aider vous pouvez-vous demander: 

  • Quelles sont les activités ou engagement qui me procurent de la joie ? 
  • Quelles sont celles qui me sécurisent, me ressourcent? 
  • Quelles sont celles qui participent de l’équilibre du système dans lequel je me trouve (familial, professionnel) ?

Cela revient à porter attention aux effets que ces activités ont sur vous et votre entourage: 

  • de manière subjective: sur vos émotions et ressentis physiques, votre niveau d’énergie ou de fatigue
  • et de manière objective: sur vos finances par exemple, le nombre de fois où vous êtes tombé malade,

Une fois ce choix fait, il deviendra plus facile de renoncer à toutes ces autres petites branches présentes, certes mais encombrantes. Car rappelez-vous « on ne raccourcit pas on supprime ! » 

C’est à cette condition que les branches choisies vont pouvoir se renforcer, se déployer au printemps et combler vos besoins de beauté et d’harmonie.

Voici maintenant un autre point intéressant soulevé lors de ma visite chez André Gayraud.

Il avait alors beaucoup insisté sur le fait de prendre soin des vides pour paysager un jardin. Que voulait-il dire par là ?

Un arbre, c’est du plein, vous ne voyez pas au travers. Quand on le taille, on fait évoluer sa forme. Ce qui fait l’harmonie d’un jardin ce n’est pas uniquement l’existence et la qualité des espèces plantées, c’est aussi la place laissée aux vides. Car c’est par les vides que le regard peut aller trouver des perspectives lointaines. Un jardin paysagé est un jardin qui offre à la fois du plein, de la matière, pour stimuler les sens et aussi des vides, pour l’apaisement et l’évasion de l’esprit, ou pour imaginer des potentiels.

En cela, l’art de la taille c’est aussi l’art de donner forme au vide. C’est l’art de penser et dessiner le vide au service du plein et vice-versa.

Cette philosophie de l’harmonie du rapport plein/vide se retrouve dans plusieurs arts, comme l’architecture, la peinture, le dessin, la sculpture, et même le chant où l’on parle de silence plutôt que de vide. Le vide offre de l’espace, de l’air, de la résonance mais aussi des potentialités, de la disponibilité, de la surprise…

Pour illustrer cette idée, voici une devinette,

  • « Comment fabrique-t-on du gruyère ? »
  • « On prend des trous et on met de la pâte autour » …

CQFD, cette blague est pourtant extraite d’un cours très sérieux intitulé:  » L’architecture du vide » par Hélène Hatzfeld -Ecole Nationale d’Architecture de Lyon, que je vous invite vivement à lire si ce sujet vous intéresse.

Sans en faire tout un fromage et pour faire le lien avec la thématique Gestion du temps, je vous propose donc maintenant d’interroger quelle place vous laissez au vide dans votre agenda.

Que se passerait-il si vous commenciez par planifier et répartir des moments « off » dans votre semaine pour ensuite planifier vos tâches et activités?

Ces moments off permettent de laisser libre cours à vos envies en fonction de l’énergie disponible à cet instant, et ça c’est un vrai luxe!

« On ne raccourcit pas on supprime ! » Difficile de renoncer, peur de supprimer ? 

Voilà de quoi vous aider: 

  • Pas d’inquiétude, ce qui doit repousser repoussera. La taille s’effectue plusieurs fois dans l’année, à l’automne et au printemps. C’est un travail d’entretien régulier à répéter inlassablement au fil des saisons pour ne pas se laisser envahir. Votre bien être en dépend. 
  • Enfin, supprimer ne veut pas dire que cette activité n’existe plus  du tout dans votre agenda, ça veut dire que ce n’est plus vous qui la gérez. C’est différent. Cela veut dire peut-être demander de l’aide de quelqu’un, payer un service, déléguer…
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