Ou plus largement : Comment gérer la diversité humaine dans l’espace de travail ?
Car c’est bien là tout l’enjeu d’un projet d’aménagement tertiaire, qui se voudrait attractif, évolutif et performant. Cette question, le collectif Tool-to-Team, dont je fais partie, se la pose à chaque fois qu’il planche sur un projet de Space Planning, pour imaginer comment les gens vont y vivre, leurs parcours etc.
Espace de travail : focus sur les hypersensibles
Faisons un focus sur les 20% d’entre nous, dits hypersensibles et atypiques.
Qui dit hypersensible dit « hyperméable » à son environnement, l’anti Goretex par excellence. Entendons par là, l’environnement physique, matériel, émotionnel, et naturel. Tout est donc question d’interface entre le dedans et le dehors, de frontière, de limites…
« Tu es à fleur de peau aujourd’hui »… la peau ? Bien sûr ! Celle qui nous met en contact avec le monde. Les personnes hypersensibles captent beaucoup d’informations et ressentent leurs émotions propres et celles des autres plus intensément que la moyenne, (soit 20 stimulis perçus contre 5). Elles sont très empathiques et possèdent souvent des dispositions naturelles comme l’intuition, la créativité, l’attention portée aux autres, la pudeur, la délicatesse, le dévouement mais aussi la susceptibilité, l’irritabilité, l’anxiété, le repli, le sentiment d’être agressé, à vif.
Mieux comprendre leurs besoins
« La machine à café. Quelle angoisse de l’entendre fonctionner tous les matins. Je n’ai pas commencé ma journée que je suis déjà irritée. »
«Quand mon voisin de bureau débarque avec sa pizza 3 fromages réchauffée, ça me met dans une colère, j’ai l’odeur au fond de la gorge pendant 10 mn, insupportable ! »
L’acuité de leurs 5 sens rend leur environnement facilement toxique. Les aménagements des lieux de travail ont donc un impact direct dans la quantité d’agressions quotidiennes pouvant être perçues, selon qu’ils favorisent ou non les stimulations extérieures. Imaginez le calvaire que peut alors représenter un openspace oldfashion…
Les hypersensibles ont particulièrement besoin de se retirer et d’avoir du calme (#intimité, #concentration), mais aussi d’exprimer et de canaliser leurs idées foisonnantes (# expression, # soutien), d’interagir avec leurs collègues (# respect, # empathie # sincérité).
« Le temps et l’espace pour soi-même, cela leur est extrêmement difficile […] Ils ont des antennes supplémentaires pour ressentir ce dont l’autre a besoin.». Myriam Vandenbroeke, professeure de psychologie à la VUB (Vrije Universiteit Brussel)
Donc, à l’inverse de l’open-space, un bureau individuel fermé pourrait constituer à la longue, une déconnexion trop nette avec leur équipe.
S’adapter : quelques clés
La première clé ? => Donner le choix
Donner le choix de leurs espaces aux collaborateurs en fonction de leurs besoins personnels et des tâches qu’ils ont à réaliser. Poste attitré, poste nomade, des lieux de repli d’un côté et des lieux d’interactions de l’autre, des couleurs douces par-ci et des ambiances stimulantes par-là.
Tenir compte de la diversité humaine dans un espace de travail ça revient à pouvoir répondre aux besoins chaque humain par une diversité d’espaces et d’ambiances.
La deuxième clé ? => L’organisation du travail
En temps normal, c’est-à-dire hors confinement imposé, travailler depuis chez soi ponctuellement peut être un véritable lieu de repli pour recharger les batteries.
Profitez de cette période de test de télétravail forcé pour initier vos organisations de demain!
Et le porte clés ? => La culture d’entreprise
Un capital humain valorisé et une culture d’ouverture portée par l’entreprise : Hypersensible ou non, chaque collaborateur gagne à être écouté, reconnu et en capacité d’exprimer ses émotions et besoins librement à ses collègues et supérieurs. Et la bonne nouvelle c’est que cela se travaille, tout le monde à un rôle à jouer :
Les personnes concernées par l’hypersensibilité : visez l’acceptation de cette-dernière, l’expression de vos besoins et ressentis, la gestion de vos limites pro/perso, l’affirmation de soi… Le chemin semble long mais plein de richesses, pour vous qui avez souvent une tendance à l’introspection.
L’entreprise : en créant au quotidien un cadre spatial et humain bienveillant et solidaire, en considérant la diversité comme point d’entrée dimensionnant de vos projets d’aménagement spatiaux, en proposant aux collaborateurs des accompagnements personnalisés de type coaching, ou accompagnement au changement lorsque les environnements de travail risquent de s’avérer toxiques.
C’est un virage total : il y a peu, tout était pensé pour un utilisateur « moyen », normé, type… qui n’a jamais véritablement existé ! Place à la pluralité des singuliers : HIPster HIPster HIPster ? OURA !